Un jour, une fille avec qui j’allais à l’école et que j’étais un peu amie avec m’a dit :
« J’ai jamais rencontré quelqu’un comme toi, tu n’as pas de personnalité ! »
J’avais 12 ans, je m’en rappelle encore … Elle m’avait dit ça parce que j’étais toujours très constante dans mon humeur, jamais triste, jamais fâché, jamais stressé, juste toujours égale.
Il y a deux ans environ, j’avais téléphoné à ma meilleure amie pour lui raconter quelque chose, j’étais devenue très émotive et je m’étais mise à pleurer au téléphone. Après m’avoir réconforté elle m’avait dit :
« Je ne suis pas contente que tu sois triste, mais je suis contente que tu pleures devant moi. Après toutes les fois où moi je suis venue te voir en pleurant, je me dis wow enfin, je suis passée à un autre stade dans notre amitié. »
Aujourd’hui sur msn, un ami m’a dit :
« Si je n’arrivais pas à te lire un peu dans tes silences, je croirais que tu es une femme sans émotions. »
Cette petite phrase m’a ramené 21 ans en arrière, alors que formuler différemment, elle disait la même chose que la phrase de cette amie d’école.
En ce moment même où j’écris ces lignes, je suis très émotive. Comment j’ai pu si jeune me fermer sur mes émotions ? Comment j’ai pu si jeune vouloir cacher mes larmes et mes états d’âme ? Et comment j’ai pu en rester au même point après toutes ces années ?
Je suis triste en ce moment, mais en colère aussi. Toutes mes relations sont teintées par cette difficulté à m’exprimer. Autant je peux créer des liens facilement avec n’importe qui, autant ces liens restent souvent bien en surface par mon manque de transparence et d’implication émotive.
Être toujours en contrôle de ses émotions est une qualité quand même non négligeable dans plusieurs domaines et pour ça, je suis contente de la détenir. Mais le problème est que ça va au-delà d’une qualité, c’est un mode vie ! Je l’applique naturellement en tout temps, ce qui fait que lorsque je dois baisser ce contrôle, ça m’est très difficile.
Même ici par écrit et anonymement (presque) je n’arrive pas à le faire ou très peu souvent. Je parle de tout et de rien, raconte ma vie, mes opinions, mes niaiseries, mais étaler mes émotions ; j’efface le billet en général avant même de l’avoir publié.
Je ne serai jamais un livre ouvert, je le sais. Mais si pour ces personnes importantes dans ma vie j’arrivais au moins à baisser mes barrières de protection, ce serait déjà beaucoup …